Saturday 8 May 2010

Moins de 100 jours...

Pour être tout à fait honnête, étant plus jeune je n’ai jamais pensé que j’allais me marier un jour. Bien sûr, comme toutes les petites filles élevées aux contes édulcorés, j’ai une ou deux fois imaginé la scène… Issue d’une famille où les divorces sont plus fréquents qu’un coup d’état au Tchad (et ce n’est pas peu dire !) je n’ai jamais donné beaucoup de crédibilité à cette institution. Non pas que toutes ces séparations m’aient rendu amère : non, non, s’il y a une chose que l’on puisse dire c’est que si chez nous on rate son mariage, on réussit en général son divorce. J’ai moi-même une demi-sœur avec laquelle je m’entends à merveille et ma tante appelle régulièrement la nouvelle femme de son ex pour avoir des nouvelles. D’ailleurs, une tante reste une tante et un oncle reste un oncle. Il s’agit peut-être de spécificités tchadiennes, mais quand on entre dans notre famille, on y reste. Mon oncle est donc toujours mon oncle, même après 15 ans de divorce. Le fait de considérer quelqu’un comme étant de sa propre famille et cesser complètement de lui parler pour cause de rupture m’a toujours semblé curieux. Bref.

Non, si le mariage ne m’a jamais tenté, c’est parce que l’image que me renvoyait cette institution me posait problème. J’ai pendant longtemps associé l’idée du mariage à un idéal hétérosexuel se voulant supérieur aux autres formes d’engagement. De plus, bien que le mariage soit censé célébrer le couple en tant qu’union, ce sont les femmes qui doivent considérer ce jour comme étant le plus beau de leur vie, si on exclut peut-être celui où elles deviendront mères. D’ailleurs, on aurait vite fait de reprocher à un homme de s’impliquer dans son propre mariage. Pourquoi c’est toujours à moi qu’on parle des préparatifs, de la cérémonie ? Je ne suis pas la seule à me marier que je sache. Le plus drôle c’est que dans notre cas, c’est l’homme qui a voulu un mariage en grand, avec une centaine de personnes et un dîner au château ! Au lieu de le féliciter, en général on lui dit en souriant qu’il est encore temps de fuir. Un ami de ses parents lui a même dit : « Tes parents ne t’ont pas dit que tu étais trop jeune pour te marier ? Tu as encore l’âge de t’amuser voyons ! » Tout ça devant sa femme !

Lorsque mon fiancé m’a demandée en mariage, je n’ai pas eu l’ombre d’un doute. Je savais déjà et depuis longtemps que c’était la personne avec qui je souhaitais passer le reste de ma vie. Étant donné mes antécédents familiaux, on aurait pu penser que le mariage me ferait fuir, mais je n’ai jamais compris pourquoi on refuserait de se marier pour se prémunir d’un divorce… J’ai encore moins médité sur le fait que notre relation avait à peine neuf mois et qu’il était peut-être un peu trop tôt. Encore une fois, la durée d’une relation ne préserve pas d’une rupture. Mais je n’arrivais pas à accepter l’idée du mariage en tant que tel. Je me sentais coupable de trahir, d’une certaine façon, mes idéaux politiques.

Je ne pense pas que j’aurai réglé ces conflits internes une fois mariée. Mais à trois mois du grand jour, je me sens plus en paix avec moi-même.

No comments:

Post a Comment